Quand le doute s’immisce.

Photographie femme nature
J’ai vécu (et vis encore un peu) dans l’invisible pendant des années. Je pouvais souffrir, beaucoup, et l’unique retour que j’avais était le fameux « c’est dans la tête ». En fait, tout ce que je pouvais vivre physiquement ne trouvait pas de prise dans la réalité. Il n’y avait que mes yeux pour voir, mes sens pour sentir ce qui se passait, et ce baromètre à côté de moi, celui du mal-être physique. J’avais l’impression d’être folle. De fabuler, comme beaucoup de personnes ont pu le sous-entendre (voire le dire). Il n’en fallait pas plus à l’engrenage pour se lancer : un cortège de pensées se sont imbriquées les unes dans les autres, et ont tourné, tourné, tourné… indéfiniment. « Tu cherches à attirer l’attention sur toi ou quoi ? », « tu dois être bien folle pour te rendre malade ainsi ma pauvre… », « tu fais la comédie, tout ça pour ne plus rien faire de ta vie », « tu dois tellement te mépriser pour te causer de telles souffrances », et j’en passe.
Je les ai toutes pensées très clairement, mais malgré ça, je suivais une « force » intérieure qui me disait de continuer à essayer de me soigner, de continuer à voir des médecins, de chercher de mon côté aussi… une amie très proche, elle, m’entendait quoi qu’il arrive et me croyait. Sans sa présence dans ma vie, je ne sais réellement pas ce que je serais devenue, car la solitude qui a pu être mienne m’a semblé insondable à certains moments. Au bout de quelques années, et d’une dégénérescence franche de mon état de santé, j’ai rencontré de nouvelles personnes, et au fil du temps, de plus en plus de personnes « positives » pour moi, qui parvenaient à me connaître, et à voir que rien de tout cela n’était de la fabulation. C’est ce qui m’a donné la force que j’ai aujourd’hui, de me croire.
Par moments. Car mes mauvais schémas repartent en un rien de temps. S’il s’avère que pendant une journée je me sens mieux ; je vais immédiatement penser que j’ai tout inventé. À chaque rendez-vous médical, je suis dans une angoisse totale, celle de me sentir annihilée encore. À chaque nouvelle douleur, je n’arrive pas à savoir si elle « normale » ou si je souffre vraiment.
J’ai plus que jamais conscience du rôle qu’a un adulte, surtout s’il est parent/médecin/professeur, face à un enfant ou même un adolescent. Ne pas l’entendre, ne pas le croire, et ne pas l’aider, si ce dernier est réellement en souffrance ; peut avoir des conséquences désastreuses. Alors je sais que ce n’est pas facile, qu’on ne sait pas toujours. Qu’il y a réellement des fabulateurs, des problèmes de somatisation et j’en passe… mais il me semble vrai de dire que la plupart des personnes à qui j’ai pu avoir à faire n’avaient ou pas conscience de ça, ou rien à en faire. C’est sans parler aussi de ceux qui sont soufflés par la peur, qui ne veulent pas voir le problème ; et qui vont préférer l’occulter plutôt que chercher et rétablir la vérité même si tous les autres disent que « tout va bien madame la marquise ! ».
Entre la frilosité et le désintérêt, je ne sais pas ce qu’il y a de mieux…
Et même si j’avais toujours eu pleinement confiance en moi, à un moment, quand on est seul dans sa réalité et que cette même réalité nous empêche de vivre – et bien on se sent comme dans un Truman show. Et ça n’a rien de drôle, surtout sur le long terme.
Alors à tous ceux qui soignent, qui protègent, qui éduquent… s’il-vous-plaît, soyez attentionnés (et faites travailler votre 6è sens si nécessaire ! xD).

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